Après un retour en 24 chiffres sur l’année 2020 grâce au calendrier de Kantar, voici désormais celui de Foodwatch.
Chaque année, l’association Foodwatch, qui traque les abus des marques, édite un calendrier de l’Avent, nommé « Calendrier du Vent« . Chaque jour, une « arnaque » repérée dans les rayons des supermarchés fut publiée sur le site de l’ONG.
Les arnaque repérées sont variées, et l’on retrouve à la fois des additifs controversés, la présence d’huile de palme dans des produits premium, ou des origines trompeuses.
Dans la majorité des cas, les marques n’ont pas réagi à l’interpellation de Foodwatch, mais certaines comme Le Gaulois ou Lidl ont annoncé avoir pris des mesures pour corriger le tir.
Au delà des abus & incohérences relevés par l’ONG, cette liste permet d’identifier les grandes tendances de la consommation et d’inciter les industriels à améliorer leur copie.
En quelque sorte, ce Calendrier du Vent est un condensé de « ce qu’il ne faut plus faire »…
#1 Liebig : la soupe de chèvre sans chèvre (ou presque)
L’arnaque : Sur le pack, un délice de courgettes au chèvres, la garantie d’une soupe « gourmande. En regardant l’étiquette, seulement 0,2% de fromage en poudre, un peu faible pour un ingrédient autant mis en avant.
Réaction de la marque : Liebig, qui avait déjà été épinglé pour un Suprême de Volaille aux morilles (avec seulement 2% de volaille et 0,9% de morilles), n’a pas réagi. Dommage, car cela fait tache alors que la marque vient de lancer une nouvelle campagne de communication « Vous avez fait changer nos soupes« .
#2 Cémoi : Rebelote pour les truffes à l’huile de palme
L’arnaque: Un discours de Cémoi jugé contradictoire. Alors que sur le packaging la marque se targue de « critères stricts de traçabilité du cacao, de qualité aromatique, de qualité de vie du planteur et de préservation de l’environnement », le premier ingrédient utilisé est l’huile de palme, tristement célèbre pour sa culpabilité dans la déforestation. De plus, 50% de l’emballage est composé de vide.
Réaction de la marque : Toujours aucune réaction malgré le fait que Foodwatch ait déjà sélectionné cette référence l’année dernière.
#3 Richemonts : un format pour les familles aisées
L’arnaque: Un format familial plus cher que le format classique pour cette raclette de Richemonts. Repérée chez Super U, cela ressemble plus à une erreur de pricing ou de chaînage des prix. Dans ce cas, Foodwatch ne sait pas à qui rejeter la faute entre l’industriel ou le distributeur.
Réaction de la marque : L’association interpelle à nouveau l’enseigne U qui contrairement à Intermarché ou Casino n’a pas voulu s’engager pour une harmonisation des prix lors de la campagne #MaxiFormatMaxiPrix. La position de U n’a pas changée suite à cette dernière campagne mais l’enseigne a entre temps modifié cet écart de prix.
#4 Bordeau Chesnel : un fond de pot très incurvé
L’arnaque : Un pack plus grand que sa contenance réelle pour donner l’illusion de la quantité aux consommateurs. Ainsi, Bordeau Chesnel a incurvé certains pots pour enlever 13% de rillettes. Une pratique répandue dans ce rayon mais trompeuse pour les consommateurs.
Réaction de la marque : Aucune.
#5 Guyader : le Breizhwashing
L’arnaque : Guyader promet que le thon blanc de ses rillettes a été « débarqué en Bretagne » (avec le nom de la région en gros). Cela ne garantit malheureusement aucune origine du poisson qui a très bien pu grandir bien loin des côtes bretonnes. Un flou sur l’origine qui est malheureusement commun et qui a conduit à l’initiative #BalanceTonOrigine sur les réseaux sociaux.
Réaction de la marque : Le groupe Guyader a indiqué que l’absence de l’origine du thon était due à une erreur d’impression, qui avait été résolue depuis. Le thon blanc provient d’Atlantique Nord-Est.
#6 Lindt : Des chocolats pour les « connaisseurs » d’huile de palme
L’arnaque : Pour son assortiment de chocolat « Connaisseurs », Lindt présente le produit fabriqué par un chef chocolatier, à la poche à douille. Toutefois, la matière grasse végétale de palme est au 4ème rang de la liste des ingrédients de cette référence, ce qui change un peu l’image d’exception de ces chocolats.
Réaction de la marque : Aucune, l’utilisation de l’huile de palme dans les chocolats étant très répandue chez Lindt et ailleurs.
#7 Le Gaulois : Un canard de qualité nitrité
L’arnaque : Sur le pack de ces filets de canard extra-tendres, un tampon « Qualité » a été apposé par la marque, qui ne correspond à aucun label ou cahier des charges contrôlé. Sur la liste d’ingrédients, on trouve du nitrite de sodium (E250), un conservateur très controversé.
Réaction de la marque : Le Gaulois a indiqué à Foodwatch sa volonté « de ne plus ou pas utiliser 169 additifs » et qu’un travail était en cours pour supprimer l’additif E250 de tous les produits Le Gaulois. Pour la référence mise en cause, la nouvelle formulation est déjà disponible.
#8 Président : une fondue pas vraiment savoyarde
L’arnaque : 3 fromages, une recette dite « savoyarde », la promesse de cette fondue Président est alléchante. Pourtant, les proportions de fromages sont peu généreuses (Emmental 45%, Comté 6%, Tomme 3%) et aucun d’entre eux ne provient de Savoie (sauf peut-être la tomme qui n’est pas géographiquement identifiable). De plus, il y a plus d’eau que de vin blanc dans cette fondue. Bref, une recette dont les savoyards ne risquent pas d’être fiers…
Réponse de la marque : Aucune.
#9 Labeyrie : un foie gras bien habillé
L’arnaque : Pour les fêtes, ce bloc de fois gras Labeyrie est packagé avec classe et excellence. Pourtant, sa recette comporte des nitrites, qui font peser un risque sur la santé. Les nitrites sont encore très largement utilisé par l’industrie sur la volaille ou la charcuterie notamment.
Réaction de la marque : Aucune.
#10 Révillon : Les papillotes chics à l’huile de palme
L’arnaque : Comme Lindt, la marque Révillon se fait épingler pour la présence d’huile de palme dans des chocolats présentés comme étant « haut de gamme ».
Réaction de la marque : Aucune.
#11 Lidl : Un gravlax bien vide
L’arnaque : Malgré une grande taille qui pourrait faire penser à des portions généreuses, ce packaging de gravlax de truite Lidl est vide à 55%. L’impact de cet emballage supplémentaire est donc néfaste pour l’environnement.
Réaction de la marque : Suite à cette interpellation, Lidl a admis « un problème d’optimisation de l’emballage de cette truite. » Cela sera corrigé pour Noël 2021, la marque Deluxe n’étant présente en rayon que pour les grandes occasions.
#12 Besacier : un miel de famille…élargie
L’arnaque : Un miel sélectionné, produit de montagne, le savoir de la famille Besacier établie à Roanne depuis plus d’un siècle… Pourtant, ce miel vient du Nicaragua! Une origine presque cachée car imprimée directement sur le pot en verre et donc beaucoup moins lisible que le reste.
Réaction de la marque : Besacier a réagi et va changer son étiquette : « L’adresse de notre entreprise de conditionnement ne sera plus mentionnée sur le devant du pot ni sur le couvercle, mais sera présente sur la contre-étiquette à l’arrière où figurera aussi l’origine du miel »
#13 Fleury Michon : des additifs dans une recette de Robuchon
L’arnaque : Le Fleuron de Canard de Fleury Michon doit être sacrément bon pour que ce soit une « Recette Joël Robuchon ». Pourtant, la recette contient des nitrites de sodium (E250), un additif controversé. Le défunt chef avait pourtant « participé à sensibiliser l’entreprise à améliorer la composition de l’ensemble de ses recettes en supprimant les additifs artificiels, les conservateurs, en réduisant le taux de sel et de matières grasses »
Réaction de la marque : Aucune. La marque avait déjà été épinglée pour ce produit dans une enquête de Foodwatch & France Info en septembre 2018 et avait indiqué à l’époque travailler « afin de substituer cet additif ». Force est de constater que rien n’a changé depuis…
#15 Delacre : Des cigarettes pas si royales
L’arnaque : Encore de l’huile de palme dans des biscuits pourtant positionnés comme un produit premium. « Fournisseur breveté de la cour de Belgique », ça en jette, mais de l’huile de palme dans la liste des ingrédients c’est nettement moins royal…
Réaction de la marque : Aucune, mais on ne peut pas dire que le groupe Ferrero, (propriétaire de la marque Delacre) est muet sur le sujet au vu des nombreuses polémiques sur l’huile de palme contenue dans le Nutella.
#16 Monique Ranou( Intermarché) : la Bourgogne en Pologne
L’arnaque : Les escargots font sans aucun doute partie du patrimoine gastronomique français. Alors des escargots de Bourgogne à la Bourguignonne, avec un plus le Label Rouge et un beau drapeau français, ça donne envie de chanter la Marseillaise. Seul hic, ces escargots n’ont rien de français, ils proviennent d’Europe de l’Est, comme la majorité des escargots dans nos rayons…
Réaction de la marque : Aucune
#17 Marque Repère (E.Leclerc) : Des oeufs de lompe bien noircis
L’arnaque : La teinte noire de ces œufs de lompe évoque le caviar, mais elle cache surtout 8 additifs, dont 4 colorants. Parmi eux, on retrouve notamment le caramel au sulfite d’ammonium (E150d), controversé pour la santé.
Réaction de la marque : Aucune
#18 Vahiné : Des gousses de vanilles bien sucrées
L’arnaque : Dans cette déclinaison des gousses de Vahiné, on ne retrouve que 30% de véritable vanille. Le reste est composé de sucré et de gousses épuisées, ce qui n’empêche pas ce produit d’être vendu à plus de 550€ le kilo.
Réaction de la marque : Aucune
#19 Lipton : Un sachet de thé un peu vide
L’arnaque : Un beau packaging, un thé bien gourmand, mais un « oubli » de remplissage. A l’intérieur du paquet, 43% de vide pour donner en rayon une impression de quantité. Ce procédé est d’autant plus courant sur les produits bio car les fabricants ne souhaitent pas que l’écart de prix avec le produit conventionnel soit trop élevé.
Réaction de la marque : Déjà interpellés dans la campagne #PleindeVide de Foodwatch, Lipton et sa maison-mère Unilever n’ont toujours pas réagi.
#20 Petits Gourmets :
L’arnaque : Cette « french mustard » de Dijon, un « produit de France » emblématique, est orné de petits drapeaux tricolores sur le couvercle qui semblent justifier son prix plus élevé. Malheureusement, les graines de moutardes sont 100%…canadiennes. Non protégée, l’appellation « Moutarde de Dijon » permet ce type d’abus.
Réaction de la marque : Aucune
#21 Maille : Un vinaigre bien coloré
L’arnaque : La belle couleur ambrée ne provient malheureusement pas du vieillissement en fût de chêne mais plutôt d’un colorant. Le caramel au sulfite d’ammonium (E150d), notamment utilisé dans le Coca-Cola, est controversé pour la santé car il pourrait faire apparaître des substances cancérigènes lors de la fabrication.
Réaction de la marque : Aucune
#22 Blini : Les sapins des tropiques
L’arnaque : Derrière ce packaging chic pour les fêtes, on retrouve à nouveau de l’huile de palme, un ingrédient beaucoup moins cher que le beurre mais controversé, à la fois pour la santé et pour l’environnement.
Réaction de la marque : Aucune
#23 Isigny : Une ville très européenne
L’arnaque : Alors que la crème d’Isigny est une appellation d’origine protégée, la marque Isigny Sainte-Mère nous laisse penser qu’il s’agit d’un produit du terroir normand. En réalité, le lait de cette crème fouettée est « Origine UE » et le flou est total.
Réaction de la marque : Aucune
#24 Les conseils de Foodwatch
Pour terminer ce calendrier, Foodwatch recense les arnaques les plus communes et résume dans cette infographie les astuces pour les détecter en rayon.