L’alimentation est le premier secteur responsable du changement climatique (GIEC).
Au niveau mondial, elle représente près de 30% des émissions de gaz à effet de serre, environ 60% de la consommation en eau potable et la majorité des déchets d’emballages.
L’EcoScore, présenté jeudi 7 janvier, est le premier indicateur de l’impact environnemental des produits alimentaires et a pour ambition d’être un outil d’aide à la décision vers un mode de consommation plus durable.
L’Eco-score : kézako?
A la manière du Nutri-score qui informe sur l’aspect nutritionnel/santé des produits alimentaires, l’Eco-score informe sur l’impact environnement des produits alimentaires.
Il classe les produits en 5 catégories : de A (pour les produits à l’empreinte environnementale la plus faible) à E (pour ceux ayant le plus fort impact), et un code couleur du vert au rouge.
L’analyse du cycle de vie du produit comme socle de la notation
Pour établir cet indicateur, la 1ère étape du calcul de l’Eco-Score s’appuie sur l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) du produit, issue de la base Agribalyse.
Cette base de données publique créée il y a 10 ans par l’ADEME (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) évalue les impacts environnementaux de 2 500 catégories de produits.
Cependant, ce score de l’ACV s’appuie uniquement sur le type de produit et il est donc identique pour tous les produits d’une même catégorie car issu d’une moyenne des informations.
De plus, cette méthode de calcul mesure aussi les impacts environnementaux par kilo ou litre de produit, soit en fonction des rendements. Appliquée à l’élevage par exemple, cette méthode de calcul a des limites car elle favorise les cycles de produits les plus courts et donc les plus industriels (élevage intensif).
Un système de malus/bonus via des indicateurs complémentaires
Des indicateurs complémentaires viennent pondérer la note par un système de bonus-malus.
- Le système de production (bonus : de +5 à +20 points)
L’Eco-score prend en compte des indicateurs qui sont mal captés dans l’ACV comme les enjeux liés à la biodiversité, ou à l’impact des produits phytosanitaires sur les écosystèmes (notamment aquatique).
Les labels éventuellement présents sont également pris en compte et avec un système de sous-groupe selon les exigences de leur certification.
- La provenance des ingrédients (bonus de 0 à +15 points)
Agribalyse ne prend pas en compte l’origine précise de chaque ingrédient mais réalise un mélange des différentes provenances pour évaluer l’impact du transport « moyen »‘.
Via ce système de bonus, l’Eco-score prend en compte la provenance précise de chaque ingrédient
- La politique environnementale des pays producteurs (bonus : -5 à +5 points) selon l’indice de performance environnementale établi par les universités de Yale et Columbia.
- La recyclabilité/circularité de l’emballage (malus : de 0 à -15 points)
L’objectif est de valoriser les bonnes pratiques (recyclabilité, réduction des emballages, intégration de matières premières recyclées, etc.) et, à l’inverse, de dévaloriser les emballages issus de ressources non renouvelables et non recyclables.
- La biodiversité, les espèces menacées (malus : -10 points)
2 critères non évalués dans l’ACV ont été pris en compte :
– le risque de disparition de certaines espèces de poissons, notamment liées à la surpêche (épuisement du stock de poissons)
– la déforestation massive liée, notamment, à la culture de palmier à huile qui menacent plusieurs espèces (primates, oiseaux, etc)
Cependant, bien que pertinent, ce système de bonus-malus revient à « mettre en concurrence des enjeux environnementaux aussi importants les uns que les autres » comme le dénonce Agathe Gignoux, responsable des affaires publiques et juridiques pour CIWF France, association de bien-être animal.
Un des risques étant que les points « faibles » d’un produit puissent être compensés par ses points forts.
Une initiative privée issu d’un collectif
A l’inverse du Nutri-score qui a été conçu par une équipe de chercheurs sur la base de publications scientifiques, et déployé par une agence publique (Santé publique France), l’Eco-score est une initiative privée.
Bien que suggérée par une des 150 propositions formulées par la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), cet indicateur est le fruit travail collaboratif de 2 ans entre 10 acteurs du numérique, de la distribution et de la restauration : Yuka, Etiquettable, Open Food Fact, Scan’Up, Frigo Magic, La Fourche, FoodCheri, Marmiton, Seazon et ECO2initiative.
Ainsi, cet indicateur est indépendant de l’expérimentation faite par le ministère de l’Ecologie qui prévoyait, dans le cadre de la loi de lutte contre le gaspillage et l’économie circulaire, une expérimentation de score environnement au cours du 1er semestre 2021.
C’est d’ailleurs ce qui a interpellé le Synabio (fédération d’entreprises de la bio), qui regrette que « ce qui n’est encore qu’une expérimentation soit déjà utilisée comme une valeur sûre et probante, sans attendre d’en tirer tous les enseignements » et que l’Eco-Score intervienne « au beau milieu d’une expérimentation pilotée par les pouvoirs publics qui vise justement à définir une méthode fiable pour noter l’impact environnemental des produits.«
A ce jour, l’Eco-score a été calculé sur 240 000 produits alimentaires en France et l’affichage est déjà disponible sur des applications telles qu’Open Foods Facts, ScanUp et les produits à marque du site La Fourche. De son côté, Yuka le proposera dès le mois prochain sur son application.
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