A l’heure de la prise de conscience des consommateurs de l’impact carbone des produits, du retour de la consommation locale, au plus près des producteurs, certaines marques essaient de trouver des parades pour éviter les denrées controversées. C’est ainsi que les huiles végétales françaises (tournesol, colza…) ont parfois remplacé les huiles plus lointaines de palme et de coco dans les recettes des industriels.
Pour le café ou le cacao, impossible pour l’instant de trouver des filières en France métropolitaine, et les marques ont fait le choix de communiquer sur des approvisionnements plus éthiques, principalement via le commerce équitable. Sur l’impact écologique du transport, peu d’initiatives ont vu le jour jusqu’ici.
Des cargos à voile sur l’Atlantique
Pour approvisionner du cacao de Côte d’Ivoire, un navire cargo traditionnel met environ 3 semaines, avec des arrêts dans plusieurs ports. A partir de 2022, le chocolatier Cémoi affrétera des voiliers-cargo de l’entreprise TWOT, qui permettront de réduire ce temps de transport à deux semaines.
Chaque trajet permettra d’économiser 1500 tonnes de CO2 soit l’équivalent d’environ 150g de CO2 pour une tablette de 150g de chocolat. De plus, ce moyen de transport plus propre permettra à l’entreprise de mieux contrôler la qualité du cacao. Chaque voilier-cargo sera en effet équipé de cales dédiées et ventilées, avec une température et une hygrométrie contrôlables. De plus, le label « Anemos » attribuera un numéro de voyage imprimé sur les tablettes, ce qui permettra aux consommateurs de retracer le trajet du cacao de la Côté d’Ivoire à l’usine Cémoi de Tinchebray en Normandie. « Au-delà de la réduction de l’empreinte carbone de notre chocolat, cette initiative renforce les garanties de traçabilité et de qualité de notre cacao » indique Patrick Collin, Directeur Général de Cémoi.
A terme, la flotte devrait être composée de 4 voiliers-cargo qui permettront de transporter environ 12 000 tonnes de cacao, soit environ 15% des volumes annuels de Cémoi. L’entreprise familiale, qui se revendique n°1 du chocolat en France avec 750 millions de CA en 2019, développera sans doute ce nouveau moyen de transport si l’expérience s’avère concluante, même si les coûts associés la limiteront certainement aux chocolats plus premium.
Voilier-Cargo : un moyen de transport encore rare
Rares sont les entreprises qui ont tenté l’aventure du voilier-cargo, notamment à cause du peu de transporteurs existants.
Récemment, le chocolatier Grain de Sail a également lancé la construction d’un voilier pour s’approvisionner outre-Atlantique, mais il ne peut contenir que 35 tonnes, ce qui limite son développement. Afin d’amortir les coûts, l’entreprise prévoit sur le chemin aller d’acheminer alcools et vins aux USA.
La marque anglaise de cosmétiques Lush a également lancé en 2016 une liaison avec le Portugal pour approvisionner des matières premières, comme du liège.
Dans un autre secteur, Renault avait également annoncé en 2018 un partenariat avec Neoline, qui prévoyait la construction d’un voilier-cargo plus massif, permettant le transport de 500 voitures ou 280 conteneurs.
Si ce nouveau moyen de transport décarboné fait ses preuves, nul doute que de nombreuses autres marques seront intéressées.