La période de début d’année est l’occasion pour les distributeurs et les industriels de négocier les conditions commerciales pour l’année à venir. Toutefois, nombreuses sont les polémiques qui émanent de ces négociations, les distributeurs étant souvent accusés d’oppresser leurs fournisseurs, ce qui a un impact néfaste à terme pour les agriculteurs.
Les médias raffolent des indiscrétions pendant ces périodes de négociations, et l’image des distributeurs est bien souvent écornée, comme ce matin lors de l’annonce de sanctions financières pour Carrefour (2,93 millions d’euros), Système U (1,14 M€) et Intermarché (211 k€) pour ne pas avoir respecté le délai légal du 28 février 2019 pour la fin des négociations.
Depuis quelques années, les enseignes ont choisi de communiquer positivement sur certaines négociations, et tout particulièrement sur celles concernant le lait, emblème de l’agriculture française et de la guerre des prix au détriment des producteurs.
Les accord déjà annoncés
Intermarché – Bel : 371 € / 1000 L hors valorisation de la qualité du lait en matières grasses et protéiques. En 2019, le prix payé par Bel aux producteurs s’élevait à 395€ / 1000 L soit plus de 10% au dessus du prix moyen du lait conventionnel français. Toutefois, Thierry Cotillard a indiqué lors de la signature que la hausse de prix pour le consommateur « ne sera jamais dans une proportion de 11%, ce sera plutôt de l’ordre de quelques centimes« . A noter que l’accord a été renouvelé dès mi-novembre 2019, bien en avance de la date fatidique du 29 février 2020.
Intermarché – Savencia : 380€ / 1000 L primes comprises pour les produits à marque nationale et en MDD. L’enseigne des Mousquetaires indique également que « sur la partie des marques de distributeurs de l’enseigne un accroissement de l’activité par le développement de nouvelles gammes alignées sur la stratégie « mieux produire » et « mieux manger » d’Intermarché.
LIDL – Sodiaal: 365€ / 1000 L prix de base soit 380€ / 1000 L primes comprises, soit une hausse de 9 € par rapport à l’année 2019. Les volumes estimés sont de plus de 230 millions de litres sur toutes les marques nationales et MDD distribuées dans les 1500 superparchés Lidl en France.
Système U – Sodiaal : 380€ / 1000 L primes comprises pour les marques Candia et Entremont. Le groupe de distribution indique que « Des discussions sont actuellement en cours avec d’autres fournisseurs pour aboutir à des démarches identiques et renforcer le lien avec les acteurs de proximité« .
Carrefour – Sodiaal : prix non communiqués, mais annoncés en hausse par la coopérative. L’accord porte sur plus de 400 millions de litre de lait produits et transformés, soit 10% de la collecte de Sodiaal. Pour Laurent Vallée, Secrétaire Général de Carrefour, « Cet accord témoigne du soutien fort et constant de Carrefour aux éleveurs français dans le cadre des EGA« .
Peu d’accords sur le lait de chèvre
Intermarché – Eurial : 749€ / 1000L sur le lait de chèvre. Sur une filière en péril, Intermarché a été le seul à communiquer sur un accord avec la coopérative, qui porte sur la marque nationale Soignon ainsi que sur les marques de distributeur. Selon l’Anicap (Association Nationale Interprofessionnelle Caprine), le prix moyen s’établissait au 3ème trimestre 2019 à 694€, soit une belle hausse. Toutefois, la FNEC (Fédération Nationale des éleveurs de chèvre) relativise en indiquant que cet accord « est une première marche nécessaire pour atteindre notre objectif de prix moyen annuel de 790 € / 1000 litres pour produire un lait de qualité « origine France » en accord avec les attentes sociétales« .
[EDIT] le 12/02
Envergure (Carrefour + Système U) – Eurial: 749€ / 1000L sur le lait de chèvre, soit une hausse de +40€ les 1000 litres sur les fromages de chèvres de la marque Soignon. Dominique Schelcher, président de U Enseigne, précise que « cette année 2 d’application de la loi Alimentation conduit à la multiplication des accords vertueux« . Du côté de carrefour, Laurent Vallée poursuit en affirmant que « ce nouvel accord confirme [leur] soutien aux éleveurs français dans le cadre des EGA. »
Les grands absents
Parmi les annonces du côté des distributeurs, on remarque l’absence de gros acteurs du marché français comme Casino, Auchan mais aussi Cora ou Aldi. Ce silence peut provenir d’un choix de communication sur un sujet sensible mais peut également provenir d’une absence d’accord avec les grands acteurs du lait.
Les gros industriels du lait sont à l’honneur dans ces annonces mais ne pas faire d’annonce ne signifie pas que les prix d’achats sont tirés vers le bas par les autres acteurs.
‼️ EXCLUSIF Notre enquête indépendante #prixdulait 2019
👏@IsignySteMere de nouveau leader et 🆕Saint-Père @Agromousquetair dans le top5⃣
A lire sur https://t.co/mMRRUPDZEz
✅Savencia : ↗️ 2 fois ➕que Lactalis et Sodiaal
✅Danone plus à la peine
✅@LaitProsperite : +3⃣0⃣€ pic.twitter.com/OkaET29NuM— L’éleveur laitier (@LEleveurlaitier) 10 février 2020
Afin d’analyser les prix du lait dans chaque région, le magazine spécialisé « L’éleveur laitier » a dévoilé le classement des laiteries qui ont acheté le lait au prix le plus haut en 2019. On retrouve en tête du classement la coopérative Isigny-Sainte-Mère, suivie de la Fromagerie Ermitage et Intermarché qui, via sa laiterie de Saint-Père, démontre à nouveau son engagement pour la filière laitière.
En 4ème position, la laiterie Saint-Denis de l’Hôtel est en bonne place pour revendiquer la valorisation de son lait, notamment via la commercialisation de la marque « C’est qui le Patron ?!« qui représente environ un tiers de ses volume.
Enfin, Bel clôture ce classement en 5ème position en étant le seul de ce top 5 à avoir fait une annonce sur les prix du lait avec un distributeur (Intermarché).