Après la sauvegarde, quel avenir pour Rallye & Casino ?

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La semaine dernière, la surprise était grande pour les observateurs de la grande distribution. Rallye, la maison mère du groupe Casino, a été placée par le tribunal de commerce sous procédure de sauvegarde. Quelques mois après les résultats 2018 très encourageants du groupe Casino (CA à +4,7%, résultat opérationnel à +18%), cette procédure, très rare pour un aussi grand groupe, interroge et laisse planer des incertitudes pour les mois à venir.

Rallye, un actionnaire un peu spécial

On parle très souvent de Rallye comme étant la « maison-mère » du groupe Casino. Le fait que le dirigeant, Jean-Charles Naouri, soit le même que celui du groupe Casino, n’y est pas étranger. En effet, Rallye est l’actionnaire majoritaire du groupe Casino (51,7% du capital et 63% des droits de vote) et c’est l’activité principale de la holding, qui détient aussi intégralement Go Sport. Grâce à une stratégie d’endettement et d’un mille-feuille de holdings, dont Rallye est le dernier maillon de la chaîne, Jean-Charles Naouri a pris le contrôle du groupe Casino dans les années 1990. La dette abyssale du groupe ne date pas d’hier, mais son poids est devenu insoutenable et ces derniers mois, de nombreux investisseurs ont alerté sur l’endettement du groupe et sa faible capacité à rembourser ses dettes.

En effet, Rallye rembourse ses dettes grâce aux dividendes versés par Casino, mais ceux-ci ne suffisent plus, la dette globale étant autour de 3 milliards d’euros. La procédure de sauvegarde permet pour l’instant de geler le remboursement de cette dette, mais cela démontre aussi l’incapacité de Rallye à négocier avec ses créanciers un échelonnement de son remboursement.

Quels changements chez Casino ?

Le principal changement devrait s’effectuer autour de l’actionnariat et du contrôle de Rallye, et donc de Casino. En effet, si la dette n’est pas remboursée, les créanciers pourront prendre une part plus importante au capital et peut-être renverser le contrôle majoritaire du groupe de Jean-Charles Naouri.  Les prochaines semaines seront déterminantes pour l’homme d’affaires, qui ne semble pas vouloir quitter son poste et qui a souvent plus d’un tour dans sa poche.

Du côté des enseignes, il ne devrait pas y avoir de conséquences néfastes dans l’immédiat. Le plan de cession d’actifs visant au désendettement du groupe a déjà porté quelques fruits, et la stratégie globale est toujours de se désengager des hypermarchés pour se focaliser sur la proximité et l’e-commerce. De plus, les performances des enseignes sont bonnes, principalement sur les formats de proximité (Franprix, Monoprix, Naturalia) et d’e-commerce (Cdiscount).

La procédure de sauvegarde apporte même une bouffée d’air au groupe Casino, dont l’action en bourse a augmenté ces derniers jours. En effet, n’ayant plus de dettes à rembourser pendant deux ans, le plan d’investissement de Casino peut se dérouler plus confortablement et la stratégie de dynamisation du groupe peut donc continuer.

Le groupe Casino, via sa centrale d’achats AMC, a également tenu à rassurer ses fournisseurs en leur indiquant que « Le Groupe Casino reste donc concentré sur l’exécution de son plan stratégique, en collaboration active avec ses fournisseurs et ses partenaires, selon des modalités opérationnelles, financières et contractuelles inchangées. »

A plus long terme, il n’est pas exclu que le groupe Casino doive intensifier la cession de ses actifs, comme ce fut déjà le cas avec environ 500 millions de murs de magasins ou l’enseigne Courir, pourtant très rentable. Cela dépendra évidemment des éventuels changements d’actionnariat et de gouvernance de Rallye et de Casino.

 

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