« Tout le monde a en tête le slogan des 5 fruits et légumes par jour, mais qui se souvient des 3 produits laitiers ? », déplore Véronique Fabien-Soulé, déléguée générale du Syndifrais, l’organisation professionnelle qui fédère les producteurs français de produits laitiers frais. Car ces dernières années, le lait a fait l’objet de campagnes de dénigrement, accusé de favoriser de multiples pathologies. Dans le sillage du livre « Lait, mensonges et propagande » de Thierry Souccar paru en 2008, il ne se passe pas trois mois sans une nouvelle étude remettant en cause les bienfaits du lait. Sur les réseaux sociaux, l’heure est à la mode des régimes vegan, excluant tout type de nourriture d’origine animale. « Certains articles évoquent même le lait comme un « poison », s’étrangle Véronique Fabien-Soulé.
Ajoutez à cela des changements de consommation (repas simplifiés avec moins de desserts) et la baisse de forme des produits allégés, et vous obtenez un recul des ventes de l’ultra-frais de 1,7% en volume et de 1,5% en valeur sur l’année 2015. Depuis 2013, le volume de fabrication a diminué de 100 000 tonnes. Particulièrement touchés, les mousses (-7,8%), les flans nappés (-5%), les fromages frais (-3,1%) et les crèmes desserts (-1,5%). Seuls les liégeois (+2,7%) et les entremets (+1%) compensant en partie ces baisses.
Bref, le Syndifrais a décidé de contre-attaquer en misant sur trois messages essentiels. D’abord, « le plaisir quotidien ». Avec en moyenne 488 références en hyper et supermarchés, chacun peut trouver un produit qu’il aime et varier son alimentation. Deuxième slogan : « Le plaisir accessible à tous ». « Le prix moyen d’un pot de yaourt est de 25 centimes et même 10 centimes pour les premiers prix », rappelle Véronique Fabien-Soulé. Troisième point : l’importance des produits laitiers frais dans l’alimentation. « Ces produits offrent une excellente densité nutritionnelle », insiste-t-elle. « Les produits laitiers ont un apport en calcium et autres nutriments indispensables que d’autres aliments n’ont pas », a insisté Véronique Braesco, à la tête de VAB-Nutrition, lors de l’assemblée générale du Syndifrais. Quant à l’accusation sur le sucre, Véronique Braesco a rappelé « que les yaourts sucrés ne contiennent pas plus de sucre que lorsque le consommateur en ajoute lui-même » et que « la teneur en sucre [dans les produits déjà sucrés] a tendance à baisser ces dernières années« .
Les fabricants disposent donc à présent d’un arsenal de communication tout prêt pour repartir à la conquête des consommateurs. Car ces dernières années, malgré une inflation du nombre de références et d’innovations (les desserts lactés ont par exemple gagné 53 références et 8 mètres de linéaire dans les hyper et supermarchés ces 10 dernières années), la mayonnaise n’a semble-t-il pas pris. Pas de quoi s’affoler pour autant : les Français restent champions de la consommation de produits laitiers frais, avec avec 29 kilos consommés chaque année, et le segment reste le plus important de tout l’univers l’agro-alimentaire, avec 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 en France (6% des produits de grande consommation).