Aujourd’hui, ce sont des champs de blé, de colza, de maïs ou de betterave. En 2024, ces 80 hectares de terres agricoles (l’équivalent de 110 terrains de football) seront englouties par EuropaCity. Un gigantesque complexe immobilier à côté de l’aéroport du Bourget, à 10 km au nord de Paris (voir la carte ci-dessous). Porté par Alliages & Territoires, filiale d’Immochan (la branche immobilière du Groupe Auchan), il représente 3,1 milliards d’euros d’investissements. On y trouvera plusieurs parcs à thèmes (parc aquatique, piste de ski, complexe de sports extrêmes, manèges, ferme urbaine…), un centre culturel pour enfants, un centre de remise en forme, 230 000 m2 de commerces et 2700 chambres (auberge de jeunesse, hôtel de standing…). Une gare de la ligne 17 du Grand Paris Express reliera en outre le centre de la capitale à EuropaCity en moins de 25 minutes.
Pour ses promoteurs, le groupe Immochan ainsi que de nombreux élus du Val d’Oise, le projet est une incroyable locomotive économique : 11 800 emplois créés et 2,5 milliards d’euros de valeur ajoutée par an à l’échelle nationale pour 31 millions de visiteurs annuels attendus, dont 6 millions de touristes étrangers.
« Un projet pharaonique inutile »
Mais pour ses opposants, ce complexe pharaonique n’a tout simplement pas de raison d’être. Les 30 millions de visites ? Complètement irréaliste, selon le collectif pour le triangle de Gonesse, qui regroupe 17 associations locales et environnementales. « EuroDisney plafonne à 14 millions de visiteurs annuels alors qu’il bénéficie d’une marque mondialement connue« . Les 11 800 emplois promis ? « Le chiffre est largement surestimé« , estime Bernard Loup, co-président du collectif. « Et les emplois ne seront pas pour les habitants du coin, ils reviendront aux Parisiens« . Le collectif a ouvert un site « Non à Europacity » avec une pétition en ligne pour faire pression sur les élus. Le centre commercial ? Aéroville et O’Parinor, implantés à moins de 10 km, proposent déjà à eux deux plus de 400 boutiques. La piste de ski ? Trop énergivore. Les écologistes, eux, dénoncent « l’urbanisation rampante » des terres agricoles.
La riposte d’Alliages & Territoires est toutefois bien huilée : 100% des besoins en énergie seront produits sur place grâce au renouvelable, les eaux de pluie et les eaux usées récupérées, les déchets recyclés avec des unités de compostage et de méthanisation. « Plus de 50% des visiteurs d’EuropaCity se déplaceront en transports en commun, ce qui limitera l’impact du réseau routier« , rappelle le promoteur. « EuropaCity contribuerait en outre à reconnecter des territoires aujourd’hui isolés« .
Le débat public s’annonce houleux
Le débat public qui s’ouvre le 15 mars [jusqu’au 30 juin 2016] s’annonce donc animé. La CNDP (Commission nationale des débats publics), en charge des consultations, organisera des réunions publiques et un « bus connecté » circulera de ville en ville pour délivrer des informations. Un site Internet a en outre été ouvert permettant à chacun de s’exprimer. Pas sûr que cela suffise. Alain Lennuyeux, le président fondateur du collectif pour le triangle de Gonesse, avertit déjà dans Le Parisien : « La contestation pourrait prendre encore plus d’ampleur que pour le projet d’aéroport [de Notre-Dame-des-Landes], car l’impact sur le plan de la santé pour les populations y est nettement supérieur« .