Un scanner de code-barres personnel, gadget ou véritable innovation ? Carrefour ne sait pas lui-même. Dans son communiqué de presse présentant Pikit, le groupe estime que son dispositif « transforme le foyer des consommateurs en terrain de jeu » mais qu’il s’agit quand même d’un accessoire « indispensable ». Concrètement, Pikit permet de préparer ses courses depuis chez soi en scannant le code-barres des produits que l’on veut acheter (à condition donc d’avoir déjà un emballage de ces produits en sa possession), mais aussi de dicter sa liste de courses à l’appareil qui intègre un micro. Le tout afin de passer commande plus rapidement sur le site Drive de l’enseigne. Prix de ce joujou : 29,99 euros.
Carrefour n’est de loin pas le premier à avoir eu l’idée. Chronodrive s’était lancé le premier il y a un an avec Izy, un objet connecté qui fonctionne exactement sur le même principe (et vendu également 29,99 euros). Deuxième arrivé, Intermarché, qui a révélé le 29 janvier dernier sur son blog tester sa scanette API, qui sera bientôt disponible sur son application dédiée au Drive.
Le bouton connecté, nouvelle marotte des commerçants
Les entreprises de service en pincent décidément pour les objets connectés. Darty commercialise un bouton relié à une assistance téléphonique, que l’on peut joindre directement en cas de panne ou de question sur le fonctionnement d’un appareil. Les Taxis Bleus distribuent aux restaurants, boutiques et hôtels parisiens un bouton pour appeler un chauffeur. Chez La Poste, le bouton s’appelle Domino et simplifie l’envoi de colis : il suffit de placer l’objet à expédier dans sa boîte à lettres, puis de presser le bouton pour qu’un facteur vienne le chercher et l’envoie en Colissimo au destinataire que vous avez choisi. Aux Etats-Unis, Amazon commercialise des boutons « Dash », avec lesquels ont peut directement passer commande d’un produit lorsqu’on appuie dessus. Il en existe pour des dizaines de marques : rasoirs Gillette, boissons énergisantes Gatorade, couches Huggies… Le géant du e-commerce va même plus loin puisque qu’il a lancé en janvier un nouveau service pour les consommables (cartouches d’imprimantes, lessive, filtres pour carafes Brita, nourriture pour chats…), qui passe commande automatiquement dès que le niveau de l’appareil est bas. Même plus besoin de cliquer !
Tous ces objets présentés comme une simplification de la vie des consommateurs n’ont d’autre ambition que de rendre l’acte d’achat quasi indolore et instantané. Le risque sur Internet de perdre le consommateur lors du processus d’achat est en effet important : près de 70% des paniers d’achats sont abandonnés en cours de route selon diverses études. Mais passé l’aspect ludique, que restera-t-il vraiment de ces expériences ? D’après des chiffres d’une étude Deloitte, le sort des objets connectés n’est pas très enviable : 54% des acheteurs d’une montre intelligente et 71% des possesseurs d’un thermostat connecté ne l’utilisent… jamais. Les Pikit, API et Izy pourraient bien elles aussi finir au fond d’un tiroir.
Pour l’anecdote, remarquez que pour leurs scanettes les enseignes alimentaires françaises se sont même copié sur les noms de leurs objets en détournant l’anglais. Pikit ou « pick it » (« prends-le »), API ou « happy » (« heureux »), Izy ou « easy » (« facile »).
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