Exaspérés par la baisse des cours de la viande et du lait, les éleveurs manifestent depuis plusieurs semaines leur mécontentement envers la grande distribution. Ils ont par exemple déversé des monceaux de gravats, de pneus et de déchets divers bloquant l’accès à un hypermarché Leclerc en Bretagne et ont empêché Carrefour, pourtant sponsor officiel du Tour de France, à participer à la caravane du Tour le 11 juillet. Les enseignes se sont pourtant engagées lors d’une réunion avec le Ministre Stéphane Le Foll à limiter les promotions, à acheter de préférence français et à lutter contre les importations bon marché d’Espagne et d’Allemagne. Mais la FNSEA estime que le compte n’y est pas.
Certaines enseignes jouent pourtant les bons élèves et ont pris de réelles initiatives. C’est notamment le cas d’Intermarché. L’enseigne a massivement communiqué sur le sujet : « Nous approvisionnons les 1800 points de vente de l’enseigne à travers notre filière porcine à 100 % en viande française » affirme ainsi Thierry Cotillard, Président d’Intermarché, pour qui « la défense de l’élevage français est l’un de nos principaux combats ».
Serge Papin, le président de Système U, s’est lui fendu d’une lettre à un élu breton, relayée sur Twitter, dans lequel il assure son engagement « depuis des années » auprès de coopératives pour promouvoir les produits locaux. « Les industriels et transformateurs de produits laitiers nous proposent des baisses de prix que par solidarité avec le monde agricole, nous refusons », jure-t-il.
Lidl met lui aussi en cause la filière industrielle en expliquant qu’elle ne répercute pas la revalorisation tarifaire de 60 centimes accordée par l’enseigne aux éleveurs.
Michel-Edouard Leclerc, nommément mis en cause par la FNSEA, pointe carrément du doigt « la politique agricole » dans son ensemble et affirme faire preuve de vertu et travailler à la création d’un fonds de soutien à l’élevage. « Nous négocions le lait à partir de 340 euros les 1000 litres, comme convenu avec la Fédération nationale des producteurs de lait », ajoute-t-il. Une communication jugée bien loin de réalités par les éleveurs : sur l’engagement de l’augmentation des prix de la viande de 5 centimes par kilo par semaine par exemple, « Leclerc a fait illusion pendant huit jours », raille la Fédération nationale des producteurs de porcs (FNP).
Ni Carrefour ni Casino, visés eux aussi par des actions d’éleveurs, n’ont souhaité réagir. Silence radio sur le sujet également chez Auchan et Cora.