Les enfants détestent les légumes. C’est un fait bien connu, source d’un conflit entre parents décidés à inculquer l’appétit pour les bonnes choses et des enfants encore atteints de néophobie alimentaire. Heureusement, nos ingénieux Suédois ont résolu cette équation par l’innovation. Le distributeur ICA a lancé une gamme de légumes découpés et présentés sous la forme de pâtes ou de riz. L’art de dissimuler le légume atteint un niveau supérieur. Il suffit de plonger les légumes cachés quelques minutes dans l’eau bouillante pour faire profiter de leurs bienfaits traîtreusement.
Mais les enfants sont-ils les seuls à qui cette innovation apportent un véritable bénéfice ? On peut arguer le fait que les enfants ne vont pas se nourrir spontanément de légumes et qu’il faut donc les tromper. Mais n’est-ce pas le cas aussi chez la très grande majorité des consommateurs adultes ? Nous sommes tous instinctivement attiré par ce qui est sucré et gras. Alors que chez les enfants, ce refus de légume est considéré comme irrationnel et marque de leur immaturité, que doit-on en penser chez les adultes censés être devenus des « grandes personnes » ?
L’offre innovante mondiale intègre désormais le fait que le consommateur est un être irrationnel. Il ne suffit pas de lui dire rationnellement que tel ou tel produit est bon pour sa santé pour en déclencher la consommation. L’épidémie mondiale d’obésité en est la preuve. Tout comme pour les enfants, l’innovation doit avoir recours à des subterfuges, mais que l’adulte comprend et accepte. Par exemple, nous avons vu que l’innovation minceur est tirée via la substitution d’ingrédients caloriques par des ingrédients non caloriques aux mêmes fonctionnalités. Il en va de même pour l’offre innovante mondiale : elle tend à devenir de plus en plus saine, sûre et naturelle. Les industriels innovent par substitution avec une volonté de remplacer le mauvais par le bon. La critique unanime qui consiste à dire que l’industrie agroalimentaire nous gavent de produits addictifs et néfastes pour la santé n’est plus aussi vraie qu’avant.
A force de critique de la part des consommateurs, les industriels innovent vers des produits plus sains et plus naturels. jusqu’au jour où il faudra se rendre compte à l’évidence que l’industriel n’était pas entièrement en cause et que le consommateur est un mangeur irrationnel qui demande à être berné comme un enfant.
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